Jusque vers les années 1970, voire même 1980, il était encore possible de voyager dans de magnifiques trains omnibus, ainsi que directs du trafic intérieur suisse (Vallorbe - Domodossola et retour, Brig - Genève ou Bâle ou Romanshorn ou vice-versa, Schaffhouse - Zürich ou Bâle - Lucerne - Chiasso ou vice-versa, ou encore en transit sur le BLS, etc., etc.), trains formés d'une dizaine (voire plus) de légendaires voitures légères et/ou du type "unifié 1", parfois même encore avec des véhicules datant de l'Entre-Deux-Guerres, mais demeurant toutefois toujours des plus confortables; dans ces rames figuraient généralement un wagon-restaurant CFF de couleur verte d'origine (couleur encore visible jusque vers la fin des années 1950) ou rouge-lie-de-vin, voire encore brune propre aux anciennes voitures de type lourd. Ces wagons-restaurants offraient au voyageur des mets d'une qualité semblable à celle des hôtels de renom, repas servis par de l'élégant personnel stylé et attentif aux moindres désirs des voyageurs.
.
Au niveau du trafic international, de nombreux et lourds express, tous plus beaux les uns que les autres et traversant l'Europe de part en part, sillonnaient les diverses importantes lignes de notre pays, que ce soient le Saint-Gothard, le Simplon, la Ligne du Pied du Jura ou encore les transversales Genève - Berne - Zürich - Romanshorn ou vice-versa, Bâle - Zürich - Vienne et vice-versa, etc.. Ces trains hyper panachés étaient formés de voitures multiformes et multicolores (reconnaissables au premier coup-d'oeil), telles que par exemple, mis à part le vert traditionnel de l'époque (appliqué en particulier sur les CFF, la SNCF et la SNCB), affichaient en outre les deux tons brun-clair/brun-foncé ou bleu-clair/bleu-foncé pour les voitures FS, verts de différents tons, bleu-foncé ou rouge-lie-de-vin pour celles de la DB, etc., etc., bien évidemment sans omettre de mentionner les exceptionnelles voitures restaurant, salon Pullman et lits de la CIWL et de la MITROPA (particulièrement celles du RHEINGOLD des années 1930); à ce sujet, le confort de ces voitures CIWL et MITROPA, construites entre 1926 - 1950, ne pourra plus jamais être égalé (nos fusées contemporaines sur rails pourraient se rendre de la Terre à la Lune, mais elles demeureraient toujours inférieures à ces voitures des "Grands Express Européens"). Dans notre pays, il n'était pas rare que ces trains internationaux de 700 à 800 tonnes (voire plus) étaient souvent remorqués en double traction par des locomotives des types Ae 4/7, Ae 8/14, Ae 4/6, Ae 6/6, Re 4/4 II et III ou Re 6/6 et étaient ainsi formés de dix à quinze véhicules et plus. A relever que, jusqu'à la première moitié des années 1960, sur la Ligne du Saint-Gothard, il était courant que la locomotive de renfort en tête soit encore une Be 4/6 ou même une "Crocodile", autrement dit, une pure merveille pour les yeux et les oreilles du ferrovipathe qui sait vraiment ce que signifie le terme de "chemin de fer". En examinant la composition des convois internationaux de cette lointaine époque, j'ai souvent remarqué que la première (généralement voiture légère restaurant brune d'ancien type ou du type "léger" de couleur verte ou rouge-lie-de-vin) ou les quelques voitures suivantes étaient du type suisse, car elles étaient accouplées et découplées dans les gares terminus de notre pays (Bâle, Chiasso, Domodossola, Genève, etc.), le reste de la rame poursuivant alors sa route en direction du pays de destination. Si les anciennes locomotives électriques ont toutes, du moins une fois dans leur vie, remorqué de tels convois (comme machine titulaire ou de renfort en tête), les derniers véhicules-moteurs à avoir encore connus ces légendaires convois sous cet aspect, sont les Re 4/4 II et III, ainsi que les premières Re 6/6.
.
Enfin et surtout, n'omettons pas de relever l'emblématique musique et mise en scène ferroviaires, que ces lourds convois européens offraient à tout un chacun; un orchestre, que dis-je, un théâtre, dont l'harmonie demeurera, jusqu'à la fin des temps, désormais totalement incomparable et, surtout, irremplaçable !
.
Quel régal à nul autre pareil que de lire ces légendaires plaques d'itinéraire fixées sur les voitures, où figuraient, outre le trajet emprunté par le convoi, le nom de celui-ci, tel que "Simplon-Orient.-Express", "Scandinavie-Express", "Flèche d'Or", etc., etc. ! Quelle leçon de géographie et quel voyage imaginaire à travers notre chère Vieille-Europe, lorsque l'on lisait, frissonnant d'émotion, "Calais - Paris - Lausanne - Simplon - Milan, etc., etc.", ou "Stockholm - Hambourg - Francfort - Bâle - Lucerne - Gothard - Milan - Rome" ! En notre XXIème siècle, que reste-t-il de cette bouleversante épopée ? Plus rien d'autre que d'insipides rames réversibles (rapides, confortables et efficaces, mais hélas affichant une banalité effrayante), que je n'ai pas envie de "contempler", encore moins de photographier !
.
Dans les chapitres suivants, ce sont donc ces ambiances particulières du temps jadis, que je veux faire revivre sur mon "Chemin de Fer-Modèle du Cabanon", que ce soit le train direct rapide léger suisse (entre autres tracté par une légendaire Re 4/4 I), ou le "lourd" express international (six véhicules), honoré par une Ae 4/7, une Ae 6/6 (bien évidemment "à moustaches"), une Re 4/4 II, une Re 6/6 ou encore une machine BLS.
