Dimanche dernier 4 mai 2014, à la Bourse aux jouets de Genève-Aéroport, j'ai eu la chance d'acquérir une magnifique voiture voyageurs CFF d'un type presque identique à celui désigné par « Seetal » B4i (voiture à quatre essieux et à plate-formes ouvertes) de la marque POCHER; les voitures "Seetal" d'origine sont légèrement plus courtes, car elles ne comportent que deux fois quatre compartiments avec toilettes centrales, alors que le modèle POCHER offre deux fois cinq compartiments. Ce splendide véhicule en parfait état a reçu un éclairage intérieur et me permet ainsi de créer une nouvelle composition courte, désignée par « Train de marchandises avec service voyageurs ou « GmP » (traduction allemande de « Güterzug mit Personenbeförderung). Ce genre de convoi, aujourd'hui pratiquement totalement disparu, a circulé sur l'ensemble des lignes ferroviaires suisses et même européennes, qu'elles soient à voies normale, métrique ou encore étroite.
Sur mon réseau, ce nouveau convoi (qui remplace le train omnibus formé de voitures LILLIPUT à deux et trois essieux, dont l'échelle est exacte au 1/87ème) est formé des véhicules CFF suivants (tous à l'ancien gabarit HO, soit entre le 1/76ème – en particulier en ce qui concerne mes deux modèles de la locomotive « Crocodile » MAERKLIN Ce 6/8 III CCS 800/3015 - et le 1/80ème) : une voiture « Seetal » B4i POCHER, un wagon postal avec lanterneau Z2 LILLIPUT, un wagon couvert gris sali K3 HAG et enfin un wagon couvert K3 brun MAERKLIN, qui est équipé du feu de fin de convoi fonctionnel. Ce train est généralement remorqué, à choix, par la locomotive à vapeur MAERKLIN BR 81004 (très ressemblante aux E 4/4 8800 et 8900 CFF), la RSM 800 MAERKLIN, les deux Ae 4/7 HAG d'ancienne génération (renumérotées No 10902, à la couleur brune d'origine, et 10905 à la couleur verte), une Be 4/6 SPENGLER, à la couleur brune d'origine (No 12303) ou SWISSTOYS à la couleur verte (No 12305), une des deux 3015 MAERKLIN (l'une à la couleur brune d'origine et l'autre à la couleur verte), ou encore une Be 6/8 BLS ROXY. Bien évidemment, la formation du train peut être appelée à être modifiée (par exemple Z2 ou K3 en tête, etc.); celui-ci peut également être remorqué par d'autres locomotives ; par contre, le K3 brun MAERKLIN sera toujours placé en fin de convoi, vu qu'il est muni de la lanterne de queue. Cependant, ma préférence s'avère être la B4i en tête, car il faut s'imaginer un voyageur ferrovipathe, qui se penche à la fenêtre ou se place sur la plateforme extérieure, dans le but de visionner, d'écouter et de s'enivrer du parfum dégagé par le charbon en combustion de la locomotive à vapeur ou des fragances réunies de l'huile chaude et de l'ozone de la locomotive électrique.
Jusqu'à ce jour, le splendide wagon postal Z2 de LILLIPUT (hélas très léger) m'a toujours causé maints soucis par suite de sa propension à dérailler sporadiquement. Ainsi, malgré diverses tentatives « correctionnelles », telles que l'alourdissement du wagon par pose d'éléments métalliques à l'intérieur du plancher, le contrôle de l'écartement des essieux, etc.), l'instabilité du véhicule persistait... jusqu'à ce que j'aie remplacé les essieux d'origine (avec fusées coniques) par des essieux HAG pour anciens wagons marchandises (essieux massifs et lourds, à bandages larges, également munis de fusées coniques) ; le résultat ne s'est pas fait attendre, le wagon roule désormais à la perfection. J'ai même pu procéder à la suppression de l'alourdissement du wagon, sans que celui-ci en pâtisse au niveau de sa stabilité.
Au niveau de la traction, lorsque la RSM 800 est attribuée à ce convoi, c'est une vision profondément nostalgique du Rail helvétique qui surgit, un monde du modélisme ferroviaire immensément lointain (remontant à cinquante, voire soixante ans en arrière), disparu à tout jamais des réseaux figurant dans les expositions ferroviaires actuelles ouvertes au public, ambiance cependant gravée dans la mémoire des rares ferrovipathes qui en ont encore été les témoins privilégiés ; il y a donc une parfaite similitude, entre le ressenti mélancolique, provoqué par la présence d'une locomotive à vapeur ou d'une ancienne machine électrique réelles, et l'émotion que la RSM 800 procure à son possesseur-exploitant ou à tout ferrovipathe l'admirant évoluer sur un réseau. A ce sujet, figurent ci-après deux photographies (un train réel face au Château de Chillon dans les années 1950 + ma RSM 800) ; on ne peut qu'être profondément ému et bouleversé par une telle osmose dans une époque si bien définie et si représentative ! Cela va même encore plus loin: dans la réalité, nos locomotives (hors véhicules-moteurs historiques conservés) ont atteint une durée de vie s'étendant de quarante ans pour les plus jeunes à septante, voire près de huitante ans (par exemple certaines Ee 3/3) pour les plus anciennes, soit une moyenne de soixante ans en chiffres ronds, moyenne d'âge actuelle de mes plus vieux modèles HO. Certains de mes modèles ont donc ainsi rejoint la saga, la légende et la dimension historico-existentielle du matériel roulant ferroviaire réel; ainsi, tout comme dans le cas de la réalité, une grande partie du matériel roulant de mon réseau détient un vécu, une histoire à raconter.
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Les deux photographies ci-dessous parlent d'elles-mêmes !