Les machines à vapeur, intensément noir-mat rehaussé par la présence généralisée de poussière de charbon, tout en arborant leurs traces de calcaire sur la chaudière, alors que leur mécanisme apparent transpirait l'huile, m'apparaissaient vraiment dignes des tableaux de maîtres les plus accomplis.
Les locomotives électriques, à la caisse verte ou brune ou encore d'une autre couleur, maculée par la poussière de frein s'oxydant dans des tons brun-orangé et par les projections d'huile noircie , alors que le cambouis s'est déposé sur le châssis et les rayons des roues, que tout cela s'avère vivant, merveilleux, voire bouleversant !
Des voitures voyageurs, dont la peinture de la carrosserie s'est peu à peu à peu ternie, couverte par un toit plus ou moins gris-brun, aux wagons de marchandises aux vernis vieillis et salis, voilà du chemin de fer authentique !
Autrefois, si un véhicule ferroviaire, sortant fraîchement repeint après sa grande révision, représentait toujours quelque chose de flamboyant, car se détachant nettement du convoi dans lequel il était incorporé, il faut admettre que cette situation ne durait toutefois que pendant un court laps de temps, alors qu'aujourd'hui, de par la conception elle-même des véhicules (caisse soudées aux parois lisses), ceux-ci sont régulièrement lavés et nettoyés par leur passage entre des brosses tournantes.
Le modélisme permet, lui également, de reproduire de telles ambiances mais, en ce qui me concerne, je préfère nettement à ce que ce vieillissement soit naturel et non provoqué par des techniques artificielles (application par aérographe, etc.). Il est par contre parfaitement clair, que ce vieillissement naturel n'apparaît qu'après de nombreuses années d'exploitation, alors que le vieillissement artificiel ne s'opère qu'en très peu de temps, ceci grâce au savoir-faire des modélistes. Ce sont ces nombreuses années, qui permettent justement à ce que la poussière, si infime soit-elle, ait le temps de se poser et de se fixer peu à peu sur toutes les parties du chemin de fer modèle ; il en est de même pour les projections d'huile, accumulées par suite des nombreux graissages périodiques.
Bien évidemment, de temps à autre, un nettoyage s'avère tout de même nécessaire, surtout lorsqu'il y a accumulation de saleté pouvant compromettre le bon fonctionnement de l'infrastructure et du matériel roulant mais, par souci d'authenticité, évitons toutefois un zèle qui pourrait s'avérer destructeur d'authenticité. Avec le temps, les couleurs se ternissent ou parfois même disparaissent à certains endroits, notamment lors de manutentions répétées ou par suite de chocs, voire d'incidents inévitables au cours des années (tamponnements, déraillements), ainsi que lors des démontages et remontages périodiques, ceci pour raisons d'entretien à titre préventif et lors des réparations. A ce sujet, un véhicule, qui a reçu quelques retouches de peinture à certains endroits, mais correctement appliquées, tout en ménageant la peinture d'origine encore en bon état, peut s'avérer fort attrayant, car cela existe également dans la réalité.
Au niveau des véhicules-moteurs, des voitures et des wagons, suite à mon expérience et à mes nombreuses observations, j'ai constaté que c'est bien évidemment le matériel roulant métallique qui est le mieux à même d'offrir cette ambiance véridique. A ce sujet, ce sont les anciennes machines en fonte injectée, ainsi que les voitures en tôle emboutie et les wagons marchandises en zamac et en matières nobles (tôle, ainsi que plastique épais, lourd et indéformable - tel que celui que produisait la firme POCHER - pour les caisses des véhicules, etc.), qui nous permettent de nous replonger, de la meilleure façon qui soit, dans ce monde ferroviaire de rêve et à la rusticité si profondément humaniste. Toujours au sujet de ce vieillissement naturel sur les modèles, ceci par suite de mes observations intensives et très pointues, j'ai constaté que c'est le matériel roulant MAERKLIN, construit entre la fin des années 1940 et le milieu des années 1960, qui affiche le résultat le plus authentique qui soit; cela tient vraisemblablement à la texture du métal choisi (zamac et tôle), ainsi qu'aux divers composants de la peinture appliquée à cette époque. C'est la raison pour laquelle, je suis toujours profondément ému, lorsque je me trouve en présence d'un véhicule affublé de ces particularités existentielles, vraiment digne d'un être vivant à part entière !
Ci-dessous, ainsi que dans les chapitres suivants, voici quelques photographies de matériel roulant (réel et modèle), qui parlent d'elles-mêmes !