En matière de modélisme ferroviaire à l'échelle HO, entre la fin des années 1940 et le milieu des années 1960, soit durant environ deux décennies, MAERKLIN s'est imposé comme le maître absolu en matière de propagande dans ce domaine. Bien évidemment, les nombreux fabricants européens de modèles réduits ferroviaires de l'époque rivalisaient tous d'adresse dans la présentation publicitaire de leurs produits ; cependant, en ce qui concerne certaines conceptions graphiques très particulières et exceptionnellement lourdes de sens, voire imposant à son lecteur des émotions impossibles à résorber, aucun de ces fabricants de modèles réduits de chemin de fer n'a atteint le niveau profondément emblématique de celui de MAERKLIN.
La raison en est fort simple. La mise en valeur de la production MAERKLIN (au moyen des catalogues annuels, ainsi que des divers fascicules destinés à la conception, à la réalisation, à l'exploitation et à l'entretien d'un réseau, contenant de nombreuses photographies fort élégamment retouchées, ainsi que des dessins en noir-blanc ou coloriés (représentant tantôt la réalité, tantôt le modélisme), le tout artistiquement réalisé d'une manière splendide, ceci grâce à l'habileté à nulle autre pareille d'artisans maquettistes et imprimeurs de jadis, avait atteint un tel niveau suggestif, que le ferrovipathe avait vraiment l'impression d'être le témoin privilégié d'une scène ferroviaire réelle des plus authentiques qui soient, car il se trouvait complètement bouleversé face à un réalisme d'une dimension aussi exceptionnelle; à ce sujet, certaines illustrations pouvaient facilement être considérées comme de véritables messages subliminaux, voire carrément hypnotiques (certains clichés, apparaissant tout au long des documents ci-après absolument uniques, en constituent de colossaux exemples). Il est aisé de comparer certaines de ces réalisations artistiques à de véritables tableaux de grands maîtres picturaux européens. Tout imprimé quel qu'il soit (page de texte, dessin ou photographie) représente tout naturellement un univers à deux dimensions (longueur et largeur), alors que tout objet (naturel ou construit) apparaît en trois dimensions et présente donc de ce fait un volume (longueur, largeur et épaisseur). Cependant, mis à part ces deux évidences, je suggère que certaines réalisations en deux dimensions, mais présentant un certain relief, de surcroît fort enthousiasmant et provoquant donc une puissante émotion (en parfticulier au niveau des dessins et des peintures), offrent non plus seulement deux dimensions mais, de par leur texture, se placent tout naturellement entre la surface et le volume ; c'est tout simplement le cas de ces créations publicitaires insurpassables du MAERKLIN HO, œuvres réalisées durant une époque hélas révolue.
Malheureusement, durant cette période (particulièrement celle s'étendant de l'après-guerre à celle des années 1960), bien des familles ne disposaient que du strict nécessaire pour leur vie quotidienne et l'achat d'un chemin de fer modèle, si modeste soit-il, ne leur était tout simplement pas possible. Pour ces gens-là, attendre l'arrivée, durant l'arrière-automne, des prospectus « Franz-Carl Weber » pour Noël, s'acheter un simple catalogue ou une brochure illustrée spécialisée de MAERKLIN, pour ensuite les feuilleter à longueur de journée, la tête envahie par des rêves merveilleux mais irréalisables pour leur bourse, demeuraient les seuls échappatoires à leur condition sociale hyper modeste ! Par contre, à titre de consolation, durant cette désormais lointaine époque, ces personnes aux bas revenus pouvaient se rendre le long des lignes de chemin de fer ou dans les gares et ainsi encore ainsi se plonger dans des ambiances splendidement variées et vraiment dignes du chemin de fer modèle qu'elles n'auront jamais pu s'offrir !
.
Ci-après dans les chapitres suivants, voici donc diverses reproductions de ce que je considère comme le message imprimé le plus poignant que l'on ait pu transmettre aux passionnés du Rail d'il y a plus de cinquante ans, eux-mêmes possesseurs de matériel HO MAERKLIN datant de cette lointaine époque; dans ces chefs-d'oeuvre picturaux, sont réunis tous les ingrédients, voire tous les fantasmes ferroviaires européens. A mon avis strictement personnel, jusqu'à ce jour, personne n'a encore été en mesure de surpasser une telle réalisation graphique au niveau de la propagande publicitaire du modélisme ferroviaire alors, qu'actuellement, les publications contemporaines ne sont pratiquement plus qu'illustrées par des photographies non retouchées, donc peut-être finalement d'aspect quelque peu fade.
.
.