Si le chemin de fer se matérialise et s'idéalise auprès des ferrovipathes avant tout par la voie, les aiguillages, la caténaire, les signaux, les divers bâtiments, mais surtout, oh combien, par le matériel roulant comprenant locomotives, automotrices, rames à deux ou plusieurs éléments, voitures voyageurs, voitures-pilotes, fourgons à bagages et wagons marchandises, au-dessus de tout cela, il faut des hommes et des femmes pour orchestrer le fonctionnement de tout ce merveilleux ensemble industriello-culturel helvético-européen à nul autre pareil.
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Depuis ma plus lointaine enfance du début des années 1950, en plus de ma vénération sans bornes envers tout ce qui touche au chemin de fer, j'ai également manifesté le plus grand des intérêts envers les serviteurs du Rail, les bien-nommés cheminots, personnages du temps jadis qui n'ont plus rien à voir avec ceux vivant dans le monde complètement aseptisé d'aujourd'hui. En outre, à l'époque, mis à part les gardiennes des passages à niveaux, les dames étaient encore fort rares, voire carrément inexistantes sur le terrain de l'exploitation ferroviaire. En ce temps-là donc, ces hommes affichaient un profond attachement à leur profession, doublée d'une légitime fierté d'appartenir à une corporation professionnelle absolument incomparable. Ainsi, je détectai immédiatement un cheminot, dont l'expression visagère et la morphologie très typées présentaient un charisme qui m'allait droit au c½ur, des hommes que j'affectionnais instinctivement. Bien évidemment, lorsque je me rendais dans diverses gares ou autres installations ferroviaires, je rencontrais de tels personnages et entamais très souvent d'édifiantes conversations, qui pouvaient parfois prendre une tournure fort émouvante, voire carrément bouleversante, notamment lorsque ces agents me racontaient certains événements particulièrement édifiants qu'ils avaient vécus ! De ces cheminots d'antan se dégageait un colossal humanisme, hélas totalement disparu de nos jours, car les "impératifs contemporains de productivité exigée" ont carrément éliminé cette bouleversante dimension (ici également, la pensée unique et la mondialisation causent des ravages toujours plus dévastateurs, dont on ne sait finalement où cela nous conduira). Oui, je l'avoue, ces hommes du Rail d'autrefois sont tout simplement nés au bon moment (entre 1870 et le début des années 1960), ce qui leur a ainsi permis de fidèlement exercer leur activité durant la plus belle période ferroviaire helvético-européenne, qui s'étend du début du vingtième siècle jusqu'aux années 1970, voire début de la décennie 1980 au plus tard encore dans quelques rares cas.
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Aujourd'hui, ces témoins uniformés d'un autre temps, qui ont enchanté mon enfance, mon adolescence et ma jeunesse, sont soit très âgés, soit majoritairement endormis dans le silence de la terre. Souvent, je pense à eux, car ils me manquent péniblement. Je réentends leur voix, je revois leurs gestes parmi ce monde ferroviaire complètement disparu et qui m'a tant enthousiasmé durant de si nombreuses années. Je veux donc leur rendre un ultime hommage, sous la forme de quelques portraits, que j'ai notamment captés via l'Internet. Si je ne connais pas personnellement ces visages capturés, de par leur présence imagée, ils m'accompagneront désormais jusqu'à la fin de mes jours, me procurant ainsi une indispensable sérénité !
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Voici donc ci-dessus, quelques illustrations de ceux qui m'ont paru comme les plus emblématiques qui soient.
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Deux émouvants portraits de cheminots uniformés, vraisemblablement des chefs de station
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Un emblématique mécanicien du Dépôt d'Erstfeld durant les années 1950
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Hommes de terrain dans leur domaine respectif
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Mécaniciens et chefs de train s'entretiennent préalablement à la bonne continuité de leur service
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Un chef de gare, arborant fièrement la casquette couronnée de lauriers dignes de son rang,
elle-même recouverte de la coiffe rouge des agents dévolus à la circulation des trains