Introduction:
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La brochure “Les wagons suisses d'antan” mentionne, à la page 61 “Die Weinwagen”, l'existence de wagons bi-foudres classiques, mais qui ont par contre été munis de trois essieux au lieu de deux; cependant, cette application ne s'est effectuée que sur 40 unités sur les 908 au total de l'année 1924. La première illustration en noir/blanc de ce chapitre présente un tel wagon, qui appartenait au négociant genevois en vins José Vila; malheureusement ce “noir/blanc” ne me permet pas de déterminer la couleur réelle de la plaque de droite mentionnant la raison sociale. Malgré mes recherches sur Internet, je n'ai pas été en mesure de retrouver cette raison sociale en couleur, applicable à ce type de wagon, la seule raison sociale trouvée, avec lettres blanches sur fond rouge, ne concernant que les wagons couverts pour le transport du vin, raison sociale placardée sur le haut des portes latérales centrales à glissières et nervurées en leur centre.
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Réalisation d'un wagon bi-foudres selon ces critères:
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En possession d'un essieu monté avec son châssis, ses plaques de garde, ses imitations de ressorts à lames et ses boîtes d'essieu à paliers lisses, essieu récupéré sur un wagon BUCO en mauvais état, j'ai décidé de réaliser en temps opportun un wagon bi-foudres de ce type. Pour cela, tout d'abord à titre d'essai, j'ai utilisé un wagon bi-foudres ordinaire de ma collection, sur lequel j'ai placé cet essieu monté central en le fixant légèrement avec du papier collant, de façon à déterminer si ce wagon pouvait franchir sans difficulté les courbes de 37,5 cm de rayon de mes voies BUCO. J'ai cependant constaté que cet essieu monté était légèrement plus haut de 2 mm. environ que les essieux extrêmes originaux, ce qui a fait que le premier essai n'ait pas été concluant, car le wagon boîtait légèrement en forme de bascule d'avant en arrière sur ledit essieu central, cependant suffisamment pour afficher une allure instable, déraillant sur les aiguillages et empêchant donc toute homologation. Par chance, suite à la récupération à une bourse de Payerne d'un châssis de wagon à deux essieux de la marque MERKUR, j'ai constaté que les bandages des roues en question affichaient un diamètre légèrement plus faible que celui appliqué sur les wagons BUCO; j'ai donc saisi mon calibre, afin de déterminer les diamètres des deux types de roues. Celles d'un essieu BUCO atteignent un diamètre de 22 mm. à la bande de roulement, alors que celles de la marque MERKUR n'affichent que 20 mm., ce qui va automatiquement supprimer ce boîtement longitudinal, l'essieu pouvant ainsi se mouvoir verticalement dans sa paire de boîtes, ce qui lui permet ainsi de parfaitement épouser les particularités de la voie; par contre, la longueur de l'essieu MERKUR atteint 53 mm., alors que celle des essieux BUCO n'est que de 51 mm., ce qui m'a obligé à meuler les fusées d'un millimètre sur chaque extrémité, de façon à ce qu'un jeu latéral suffisant puisse avoir lieu et permettre ainsi à ce wagon d'essai de franchir sans difficulté les courbes serrées des entrées en gare et de celles des aiguillages en déviation de mon réseau; j'ai en outre également meulé un millimètre sur chacune des deux extrémités de la paire d'imitations des ressorts de suspension, de façon à ce que ces imitations puissent parfaitement s'insérer entre celles d'origine des deux essieux montés extrêmes. Ces corrections ont parfaitement réussi et le wagon d'essai s'est ensuite brillamment comporté sur l'entier du réseau. Suite à ces essais, j'ai donc retiré l'essieu monté central provisoirement installé, pour le réserver à son utilisation sur le futur wagon bi-foudres en question.
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Réalisation du nouveau wagon bi-foudres:
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Il ne me restait dès lors plus qu'à acquérir, soit un wagon bi-foudres de 18 cm de longueur hors tampons avec sa vigie de garde-freins, soit deux wagons de marchandises BUCO, si possible un L6 de 18 cm de longueur hors tampons avec sa vigie et escaliers d'accès, ainsi que d'un bi-foudres ordinaire sur châssis court de 16 cm de longueur hors tampons, donc sans plateforme ni vigie. La bourse de Monthey du 14 mai 2023 m'a permis de trouver les wagons en question et, le lendemain, j'ai démonté la caisse du wagon tombereau L6, ainsi que sa vigie et, sur le deuxième wagon, les deux foudres reliés par la paire d'échelles centrales et la paire de supports/plaques d'immatriculation et de raison sociale ont également été éloignés de leur châssis; les inscriptions originales de ces plaques-supports ont bien évidemment été recouvertes par de nouvelles inscriptions techniques CFF conformes, ainsi que pour celles de la raison sociale; ne disposant d'aucun renseignement sur les raisons sociales de ces wagons à trois essieux, hélas disparus depuis fort longtemps, mis à part le “José Vila” de l'illustration citée en début de chapitre, j'ai tout de même décidé de réaliser “le José Vila” en question; pour ce faire, sur “Excel”, j'ai confectionné en grand format (10 cm de long sur 5 cm de large) la raison sociale y relative, en lettres blanches sur fond rouge, puis j'ai imprimé cette réalisation, l'ai photographiée pour la transformer en image pour, finalement, la transférer sur “Excel” dans le but de la redimensionner au format des plaques de ce wagon bi-foudres. Ensuite, les foudres et les cercles intérieurs ont été peints en gris-clair, alors que seuls les deux cercles d'extrémité demeurent à la couleur noire. Ces éléments ont ensuite été transférés sur le châssis du wagon L6, préalablement percé en son centre de deux orifices destinés à fixer la paire de foudres sur le plancher; le premier orifice se situe à 32 mm. depuis l'extrême bord arrière du châssis, alors que le deuxième orifice a été réalisé à 80 mm. du premier. Au milieu de la partie inférieure du châssis, apparaissent les inscriptions en relief “BUCO - Made in Switzerland”; préalablement à la pose de l'essieu monté central, ces inscriptions ont donc été meulées, de façon à ce que l'essieu monté en question s'ajuste avec précision contre la partie inférieure du châssis. Quant à la vigie d'origine, elle a été modifiée en style classique, de la même manière que celle concernant le chapitre “Apparition de nouveaux wagons - deuxième partie” de la page 58 du présent Blog, mais n'a par contre été munie que d'une seule fenêtre, placée au-dessus du “nez” extérieur, la partie de gauche ayant été recouverte d'une feuille de carton; déjà en possession de deux wagons bi-foudres munis de leur vigie classique ordinaire à deux fenêtres, j'ai donc voulu appliquer cette variante à une fenêtre pour ce modèle. La dernière opération a consisté à fixer solidement l'essieu central contre le châssis du wagon. Tout s'est terminé par le graissage final des essieux, et la mise en service.
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Encore une précision au sujet des différentes vigies de garde-freins de certains de mes wagons de marchandises. Suite à plusieurs méthodes appliquées, je retiens finalement celle du maintien de la vigie BUCO originale de style modernisé (valable seulement pour les wagons tombereaux L6 CFF des années 1940/1950), mais avec application du toit classique de forme arrondie pour les wagons CFF K2, L6 anciens, citernes et bi-foudres et, bien évidemment, adjonction de la colonne de frein; modifications qui concernent justement cet ultime wagon bi-foudres.
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Petite histoire:
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Au sujet de ces wagons bi-foudres disparus, il serait hautement souhaitable, voire carrément fortement judicieux, qu'un ou plusieurs ferrovipathes chevronnés et disposant du temps et de la mobilité nécessaires, puissent consulter les archives de nos fabriques de wagons et de celles de CFF-Historic, ceci dans le but de réunir le plus grand nombre possible de documents techniques et photographiques, de façon à éditer un ouvrage entièrement dédié à ces plus que merveilleux et irremplaçables wagons du temps jadis, ces authentiques “meubles d'art sur rails”. Bien évidemment, en raison de l'époque où elles ont été réalisées, les photographies sont probablement toutes en noir/blanc. Mis à part le wagon bi-foudres historique conservé dans la Rotonde du Dépôt de St-Maurice, j'ose espérer, lorsque ces wagons étaient quotidiennement utilisés, que certains ferrovipathes d'alors aient eu la possibilité d'utiliser des films couleurs pour les photographier (tirages sur papier ou sous forme de diapositives); en ce qui me concerne personnellement, bien que je me souvienne très bien d'avoir pu contempler et admirer ces fameux wagons dans ma jeunesse (notamment sur la voie de raccordement de Feu la Maison de Vins Junod, située à la fin de la gare d'Aigle côté St-Triphon), je n'ai par contre hélas jamais eu l'occasion de les photographier. En effet, si le résultat de ces recherches proposées ci-dessus était en mesure de mentionner les différentes couleurs appliquées, notamment au niveau des plaques de raisons sociales, il serait alors possible de réaliser des modèles conformes de ces pures merveilles.
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En conclusion, une nouvelle pièce absolument unique, qui constitue désormais la dernière de ce type de wagon, s'ajoute ainsi à ma collection. Avec cet ultime wagon, j'ai pratiquement réalisé la totalité des variantes au niveau des wagons mono et bi-foudres, soit: wagon mono-foudre CFF, wagons bi-foudres SNCF classiques à deux essieux, sans plateforme ni vigie de garde-freins, wagons bi-foudres CFF classiques avec plateforme ouverte et manivelle de frein visible, avec vigie à une ou deux fenêtres et avec vigie et trois essieux, ainsi que wagon couvert CFF avec paire de foudres à l'intérieur et vigie et finalement wagon couvert sans plateforme ni vigie (FS).
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Ci-après, quelques photographies relatives à ce nouveau wagon.
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Ci-dessus, voici l'illustration du wagon bi-foudres paru à la page 61 de la revue “Les wagons suisses d'antan” et, ci-dessous, le wagon de ma collection ayant servi pour l'essai du montage de l'essieu central
Ci-dessus, voici les deux wagons BUCO, en bon état et acquis à la Bourse de Monthey soit, de gauche à droite, un L6 avec vigie et un bi-foudres simple, donc sans plateforme ni vigie; sur le bi-foudres, les inscriptions figurant sur les plaques étaient fortement défraîchies, voire endommagées en plusieurs endroits. Ci-dessous, voici le résultat final d'un wagon bi-foudres muni de sa vigie améliorée, de ses foudres peints selon les critères helvétiques, de ses nouvelles plaques d'immatriculation et de raison sociale, ainsi que finalement de son troisième essieu central
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Le "José Vila" en pleine course, au départ ou à destination de la Suisse
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Sublimation de mon récent wagon plat FS:
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Sans chargement jusqu'à ce jour (voir article "Les ultimes wagons de marchandises de mon réseau "Tinplate 0" - première partie, alinéa "Wagon plat FS avec vigie de garde-freins" ), j'ai décidé de sublimer à ma façon ce typique wagon plat italien, c'est-à-dire de le charger avec un produit industriel emblématique de l'Italie, soit une voiture automobile FIAT "Topolino", qui a été produite en plusieurs versions entre 1934 et 1957, soit correspondant exactement à la période la plus glorieuse qui soit au niveau du "Tinplate 0" européen et donc de mon modeste réseau. C'est également à la Bourse de Monthey, que j'ai eu l'extrême chance d'acquérir cette petite merveille, d'autant plus qu'elle était la seule de ce type en cette journée du 14 mai 2023. Si j'ai été particulièrement séduit par ce type de voiture, cela s'explique par le fait que Feu John Pousaz, mécanicien aux célèbres Ateliers de Constructions Mécaniques de Vevey (ACMV) et frère de Feu mon père Maurice, possédait une telle voiture durant mon enfance; cette voiture affichait par contre une couleur rouge-bordeaux. Les amateurs de ce type d'automobile pourront entre autres en admirer un grand nombre, notamment s'ils ont la possibilité de visionner le film de 1955, intitulé "Vacances romaines", avec Gregory Peck et Audrey Hepburn, tous deux sillonnant la Ville Eternelle.
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Ci-après, deux photographies de ce fameux wagon FS et de son noble chargement.
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Ci-dessus, en pleine course entre Turin et la Suisse et, ci-dessus, enfin arrivée à bon port, pour être déchargée du wagon, descendre la rampe de chargement/déchargement et être finalement remise en mains de son acquéreur
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