L'association ferroviairo-culturelle suisse "SBB-Historic", authentique organisme de l'archéologie industrielle du Rail, fait partie du comité fort restreint des meilleurs "maîtres à penser" pour les ferrovipathes helvético-européens dignes de ce nom.
Afin de se faire connaître du plus large public possible, SBB-Historic édite une revue en langue allemande, désignée par le nom idéal de "Semaphor", ceci quatre fois par année à l'intention de ses abonnés, soit aux alentours du 15 des mois de mars, juin, septembre et décembre de chaque année; parfois, une édition spéciale a lieu (récemment en faveur des locs Re 4/4 I).
C'est à chaque fois un enchantement que de découvrir les documents photographiques du temps passé de nos CFF et de nos principales compagnies ferroviaires privées; parfois, ces documents se présentent sous un aspect à ce point bouleversant, que cela peut aller jusqu'aux larmes aux yeux car, nous les ferrovipathes, sommes conscients que ces temps bénis de la vie ferroviaire quotidienne ne reviendront jamais ! Ainsi, à titre personnel, cette revue me permet de recréer, sur mon réseau HO, des ambiances très proches de celles figurant sur "Semaphor" (position des véhicules, décors, jeux d'ombres et de lumière, etc.); dans ces moments-là, lorsque je réussis à m'approcher des ambiances de "Semaphor", l'émotion est à son comble !
Ce monde disparu constitue, il est vrai, un deuil insurmontable à supporter; que faire alors ? Se lamenter, déprimer ? Ce ne serait pas la bonne solution, car non constructive. Personnellement, comme vous l'aurez déjà constaté au début de ce blog, j'ai réalisé un chemin de fer modèle HO de l'époque 1950-1960, qui me restitue ainsi, de la meilleure façon qui soit, ce chemin de fer réel tant vénéré. Dernièrement, j'ai considérablement amélioré la présentation de mon réseau HO, en ajoutant, en toile de fond sur sa partie Sud-Ouest, deux panoramas qui me sont chers, à savoir les monts du Bristen et du Schlossberg vus depuis Erstfeld, ainsi que le Lac d'Uri et ses montagnes légendaires admirées depuis Sisikon. Ces adjonctions paysagères me permettent de réaliser dorénavant des prises de vues bouleversantes de vérité sur ce que furent les ambiances de l'irremplaçable chemin de fer à voie normale durant les années d'or 1950-1970, années où l'on pouvait admirer quotidiennement une palette complète de l'évolution ferroviaire durant un demi-siècle, chemin de fer encore vraiment digne d'intérêt par sa variété et sa théâtralité, deux critères aujourd'hui remplacés par l'uniformité et l'aseptisation typiquement contemporaines en ce début de 21ème siècle.
Je ne crains point de le relever personnellement et franchement ici car, pour nous, les ferrovipathes qui avons intensément connu l'âge d'or du Rail (du début du 20ème siècle et principalement jusqu'à la fin des années 1960, âge d'or qui a cependant pu se prolonger jusque vers les années 1980, voire même les années 1990 et première décennie des années 2000 suivant les régions), le chemin de fer européen de la fin du 20ème au début du 21ème siècle se présente désormais sous une fade aseptisation, une uniformisation ennuyeuse, une effrayante banalité ! Oui, je l'affirme haut et fort, le chemin de fer européen contemporain relève, à mon avis strictement personnel, tout simplement d'une triste régression, bien évidemment ceci par rapport à ce que le Rail de jadis nous procurait quotidiennement, que ce soit au niveau de l'élégance esthétique des bâtiments, de l'aspect soigné allié à la technologie électro-mécanique hyper-fiable appliquée pour le fonctionnement des installations fixes et du matériel roulant, etc. Malgré cette morne modernité, avec de la bonne volonté, voire de la détermination, il est toujours possible, pour nous les vieux et privilégiés dinosaures du Rail, de continuer à diriger notre vie sur une voie positive; puissent désormais ces quelques modestes nouvelles photographies vous plonger dans un monde merveilleux et idyllique, tellement différent de celui que l'on vit aujourd'hui !