RSM 800 - Que cette locomotive HO de Märklin ne soit jamais oubliée !

.

Il s'agit tout simplement de la RSM 800 de Märklin, le fameuse locomotive électrique à trois essieux moteurs, modèle libre à l'esthétique purement helvétique, mais qui n'a jamais existé dans la réalité. Cependant, on peut admettre que Märklin se soit inspiré des locomotive CFF Be 3/5 12201, Ae 3/5 de la série 10201 à 10209 et Ae 3/6 II de la série 10401 à 10420 (deux persiennes d'aération placées aux extrémités, au bas des flancs latéraux de la caisse, ainsi qu'absence des « visières » pare-soleil sur deux les fenêtres frontales extrêmes des cabines de conduite), alors que l'entraînement à bielles de ce modèle correspond exactement à celui de la locomotive-prototype Be 3/5 12201 de 1919 (le diamètre des roues motrices est correct).

 

A mon avis, aucun autre modèle ne se présente sous un aspect aussi « helvético-patriotico-nostalgique », doublé d'une expression mélancolique à nulle autre pareille. Par son aspect délicieusement primitif, rappelant ainsi ce que furent les débuts de l'électrification des CFF dans les années 1920, cette locomotive détient manifestement une sorte de pouvoir hypnotique insurpassable. De la même façon que le Musée naturel de Ballenberg près de Brienz ressuscite la Suisse rurale authentique et éternelle, la RSM 800, de par son aspect unique en son genre, plonge le ferrovipathe (qui a compris le message subliminal transmis par ce modèle) dans un paradis environnementalo-helvétique, que la modernité actuelle, sous toutes ses formes, est totalement incapable de lui offrir, bien au contraire.

 

Ce dont il faut être conscient, c'est que, durant les années 1950 – 1960, aucune fabrique, produisant des modèles réduits de grandes séries à l'échelle HO, n'a reproduit une ancienne locomotive électrique à l'image des CFF, dont les parois frontales sont planes, telles que celles de la Be 3/5 12201, des Be 4/6 12302 à 12342, Be 4/7 12501 à 12506, Ae 3/6 II 10401 à 10460 et enfin Ae 3/6 III 10261 à 10271 ; la RSM 800 était donc, en quelque sorte à son époque, la seule représentante, le résumé en modèle des premières locomotives électriques désignées ci-dessus. Son importance revêt donc, encore actuellement, une dimension exceptionnelle et devrait, à mon avis être présente sur tout réseau HO ancien, de type helvétique de la période s'étendant de la fin des années 1940 au milieu des années 1960. Toujours au niveau de l'esthétique de la caisse, la RSM 800 s'avère également être une très proche parente de la locomotive bavaroise 1-C-1, du type E 62 (série E 6201 à E 6205), construite en 1914 pour la ligne Freilassing – Berchtesgaden et dont le dernier exemplaire (E 6201) existait encore au début des années 1960.

 

Ainsi, la RSM 800 a été produite par Märklin entre 1949 et 1954. Au niveau des tâches dévolues et pour autant qu'elle soit munie d'une paire de bandages adhérents en caoutchouc sur un essieu moteur, la RSM 800 excelle particulièrement dans la traction des trains omnibus et de marchandises de charge moyenne (jusqu'à 10, voire 15 wagons métalliques lourds à deux essieux, ceci bien évidemment suivant l'importance des rampes à franchir), ainsi que dans celui du service des manœuvres dans une gare de moyenne importance.

 

Durant ma longue vie de ferrovipathe (soixante ans en chiffres ronds), j'ai eu le privilège d'avoir pu examiner plusieurs centaines de modèles réduits de locomotives et ce à toutes les échelles ; je dois cependant reconnaître que la RSM 800 Märklin émet une présence et un rayonnement émotionnels d'une telle intensité, que rien ni personne ne pourra remplacer. La RSM 800 restera donc un cas absolument unique dans l'histoire des modèles de locomotives produits en série dans cet écartement !