Les journées des 11 et 12.10.2014 étaient dévolues aux traditionnelles rencontres ferroviaires de Bauma, caractérisées par deux volets, soit la réalité historique et le modélisme haut-de-gamme proposé par divers orfèvres en la matière dans les stands prévus à cet effet.
En ce qui me concerne, mon modélisme a atteint la dimension maximale souhaitée, ce qui m'a permis d'uniquement me concentrer sur l'échelle 1/1, dont voici, entre autres, le menu « gastronomico-ferroviaire » démentiel (digne d'un « trois étoiles »), offert par le truchement des véhicules-moteurs les plus emblématiques figurant ci-dessous :
Locomotives à vapeur :
Eb 3/5 CFF No 5810 et 5889, cette dernière renumérotée et remise dans son aspect d'origine BT No 9
(grise et noire, avec traverse de tamponnement et roues rouges)
Eb 2/4 CFF No 5469, renumérotée et remise dans son aspect d'origine JS No 35
E 3/3 CFF No 8518 et DVZO No 10
Ed 2 x 2/2 7696, renumérotée et remise dans son aspect d'origine SCB No 196 (verte et noire, avec
roues rouges).
Véhicules-moteurs électriques :
Locomotives : Be 4/6 CFF No 12320, brune (aspect d'origine)
Be 6/8 III CFF No 13302, verte
Ae 4/7 CFF No 10997, verte
Ee 3/3 CFF No 16363, rouge
Be 4/4 BT No 15, verte
Automotrices : BFe 4/4 CFF No 1643, verte
BCFe 4/8 BLS No 736, bleue et blanche
FCe 3/4 No 84 BT, verte.
L'activité proprement dite de la journée :
Certains de ces véhicules-moteurs étaient mis en service sur les parcours suivants, selon l'horaire figurant dans le site Internet du DVZO, en remorquant successivement des compositions voyageurs et marchandises avec service voyageurs (GmP ou « Güterzug mit Personenbeförderung ») :
- Bauma – Winterthour-Seen – Bauma
- Bauma – Wald – Bauma (Tösstal)
- Bauma – Bärestwil – Bauma (DVZO),
alors que d'autres locomotives et automotrices demeuraient exposés en gare de Bauma, telles que, par exemple, les véhicules-moteurs Be 4/6, BFe 4/4 et Ee 3/3 CFF, ainsi que « Flèche BLS » et locomotive Be 4/4 BT).
Les locomotives à vapeur circulaient exclusivement sur la ligne dont le DVZO est propriétaire-exploitant, soit Bauma – Bäretswil, ligne CFF fermée au trafic général. La machine à vapeur, qui m'a le plus enthousiasmé est l'Eb 3/5 No 9 du BT, locomotive-tender construite en 1910 par la célèbre fabrique allemande J.-A Maffei, celle qui a, entre autres, réalisé la Reine mondiale des locomotives à vapeur, en la personne de la sérénissime Pacific bavaroise du type S 3/6 ; en ce qui me concerne personnellement, je considère les Eb 3/5 BT (vendues aux CFF en 1932 en raison de l'électrification du BT et renumérotées 5881 à 5889) comme les plus belles locomotives-tender de Suisse ; son esthétique relève de l'aristocratie industrielle la plus pure. Pour la petite histoire, la 5889 (donc actuelle BT 9) a notamment circulé sur la ligne Bellinzone – Luino avant son électrification en juin 1960. Toujours en ce qui concerne les locomotives à vapeur, il arrivait parfois que toutes les machines se trouvaient en gare, bien évidemment sous pression, d'où un enfumage colossal des lieux environnants, ou, si vous préférez, un authentique délice olfactif !
Pour le ferrovipathe photographe et/ou vidéaste, ce fut une folle journée, car les mouvements étaient considérables (trains partants et arrivants, ainsi que nombreux mouvements de manoeuvre), carrément aussi conséquents que sur un chemin de fer modèle ; en effet, si l'on voulait récolter le maximum de scènes, d'innombrables allées et venues en tous sens s'imposaient d'elles-mêmes (pour nous, les passionnés « jusqu'auboutistes », pas question de perdre son temps en s'asseyant à une table pour consommer victuailles et boissons, car le risque de « louper » une séquence irremplaçable se serait alors avéré bien trop évident ; le sac à dos, avec pic-nic, constituait donc le seul « restaurant » admissible) !
Par contre, sitôt descendu de la rame régionale, j'entendis un « boum» très violent ; dès que la rame régionale eut quitté la gare de Bauma en direction de Rüti, j'ai tout de suite découvert la raison de ce choc : un mouvement de man½uvre de wagons marchandises, effectué par un train poussé par la « Crocodile » et mal calculé, a tamponné la queue d'un convoi voyageurs à l'arrêt. Résultats : le fourgon de queue est soulevé, alors que le deuxième essieu de celui-ci a déraillé, ainsi que la destruction de l'assiette du tampon gauche et la déformation de celle du tampon droit ; à part cela, je n'ai pas constaté d'autres avaries. Arrivée du train de secours, réenraillement du wagon, puis garage de la rame sur une voie hors mouvements. Cet incident a quelque peu compliqué l'exploitation et obligé les divers convois à effectuer de nombreux mouvements de man½uvre, afin de contourner cette voie temporairement hors service.
Au niveau des véhicules-moteurs électriques, je retiendrai tout particulièrement la présence statique de la Be 4/6 12320 (comme j'aurais aimé l'admirer évoluer), ainsi que l'Ae 4/7 10997 et la Be 6/8 III 13302, qui remorquaient en double traction leur train de marchandises avec service voyageurs ; ce train de marchandises comportait, entre autres, un wagon plat, sur lequel était chargé un splendide camion FBW affichant un bouleversant humanisme (tout le contraire des « Gigaliner » contemporains, dont l'allure générale et le klakson concrétisent leur agressivité audio-visuelle). Suivant le sens de marche du convoi, c'était tantôt l'Ae 4/7 qui fonctionnait comme loc de renfort en tête, tantôt la « Crocodile » ; du tout grand art, digne du Saint-Gothard éternel et irremplaçable !
Ah, un détail encore : un aristocratique car PTT (Saurer au nez si attachant) a également été associé à cette fête ; à mon avis, la présence d'un tel véhicule routier est indispensable à toute manifestation ferroviaire historique suisse digne de ce nom et qui se respecte.
20.30 h., c'est l'heure d'arrivée à mon domicile, complètement épuisé, mais à la fois immensément heureux et bouleversé !