Voici un sujet qui, aujourd'hui au début du 21ème siècle, paraît quelque peu démodé car, de par la « magie » de la technologie des décodeurs et autres composants (« gadgets ») électroniques, il est désormais possible de reproduire plus ou moins exactement la majeure partie des bruitages émis par le chemin de fer réel, ceci toutes disciplines confondues, que ce soit au niveau de l'exploitation ou de celui de la circulation des trains ou encore de ce que peut nous offrir une locomotive en activité (en traction à vapeur : coups de sifflet, coups d'échappement, pompe à air, chuintement de la vapeur ou de l'air comprimé des freins, bruits de pelle du chauffeur chargeant le charbon dans le foyer, etc. ; en traction électrique : coups de sifflet, activation du compresseur, des ventilateurs, des inverseurs de marche, des contacteurs de graduation des moteurs de traction, des bruits électromécaniques typiques provenant du roulement de la locomotive elle-même, etc., et, finalement, en traction diesel : avertissement sonore à un ou deux tons, ronronnement caractéristique du ou des moteurs principaux à combustion, etc.. Il est évident que, pour les jeunes ferrovipathes qui n'ont pas connu les ambiances auditives quotidiennes du chemin de fer traditionnel d'il y a encore quelques années, ces bruitages artificiels constituent (mis à part l'activation de matériel roulant ou d'installations ferroviaires historiques tels, qu'entre autres les cloches de gare, les postes d'aiguillages équipés des systèmes « Bruchsal » ou « Judel », etc.) l'unique référence culturelle quotidienne, sur laquelle ils peuvent s'appuyer, s'ils désirent réentendre plus ou moins fidèlement le langage d'une époque ferroviaire disparue et se replonger ainsi dans un monde des plus merveilleux.
Par contre, en ce qui me concerne personnellement, je préfère nettement « auditionner ce que le modèle a réellement dans le ventre » (qu'il reproduise un véhicule-moteur à vapeur, électrique ou encore Diesel) et ce qu'il peut nous communiquer au travers de son authentique langage personnel, musique technique ayant bercé l'oreille des ferrovipathes et autres collectionneurs tout au long des années, voire des décennies écoulées. Ainsi, le chant électromécanique de la « Crocodile » MAERKLIN CCS 800/3015 m'apparaît comme le plus bouleversant qui puisse exister (en tout cas à l'échelle HO) ; il constitue, à lui-seul, une sorte de « Voix du Rail ». A ma connaissance, aucun autre véhicule-moteur ferroviaire modèle à transmission électromécanique n'est en mesure de surpasser le bruit de ce type de machine ; de ce fait, par sa théâtralité tous azimuts, cette machine concrétise tout ce que peut rêver le ferrovipathe nostalgique le plus exigeant en matière de restitution, que dis-je, de résurrection d'une vision paradisiaque à nulle autre pareille, notamment celle des lourds trains de marchandises européens de transit, franchissant les rampes et pentes Nord et Sud des Massifs du Saint-Gothard et du Monte-Ceneri !
Cependant, ce chant peut parfois s'avérer très légèrement différent suivant les CCS 800/3015 activées, ceci notamment en raison du degré d'utilisation de la machine (transmission neuve, utilisée mais encore en parfait état ou, finalement, plus ou moins fortement usée. Ainsi, je possède trois exemplaires de ce type de machine, à savoir :
- Une 3015 vert-sapin (ancienne couleur verte des CFF, en usage jusque vers le milieu des années 1960) âgée de plus de cinquante ans, encore entièrement équipée de la technologie de la CCS 800 (inverseur de marche à trois positions, roues plus épaisses et boudins plus importants, machine en état de marche ayant beaucoup roulé, mais toutefois par précaution retirée du roulement régulier) ; le bruit de ce modèle en ordre de marche affirme bien son intense utilisation passée
- Une 3015 authentique, de couleur vert-sapin, également âgée de plus de cinquante ans, hyper bien « rôdée » et dans un état des plus merveilleux ; son chant électromécanique constitue une pure splendeur harmonieuse pour l'oreille ; c'est tout simplement « La Crocodile » MAERKLIN dans toute son authenticité
- Une 3015 brune neuve, datant de 1996 (issue de la série spéciale de 1996 - année du Jubilé des 70 ans de la série des Ce 6/8 III des CFF, qui furent construites en 1926 des numéros 14301 à 14309 et en 1927 de 14310 à 14318 -) mais mise en service sur mon réseau pour la première fois le 23 novembre 2013.
D'autres véhicules-moteurs ont également marqué le souvenir des amis du Rail, tels que, par exemple, la fameuse « Flèche Rouge » HAG, ceci en raison de son entraînement à cardans, produisant de ce fait son chant très particulier et donc aisément reconnaissable.
La 3015, encore munie de la technologie de la CCS 800
(l'épaisseur, ainsi que la dimension des boudins des roues est aisément reconnaissable)
Encore une vue de cette CCS 800/3015, prise cette fois sur mon ancien réseau
La 3015 ordinaire (par rapport à l'image précédente, la finesse des roues est bien visible)
La magnifique "Crocodile" du Jubilé de 1996, ici dans son élégante couleur brune d'origine de 1926

... et finalement l'emblématique "Flèche Rouge" de HAG, une pure merveille !