Pour l'auteur de ce texte, l'année ferroviaire 2016 aura été des plus pénibles qui soient ; lisez plutôt:
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a) La démolition du dépôt des locomotives de Lausanne.
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b) L'élimination du matériel classique du Chemin de Fer Aigle – Ollon – Monthey – Champéry, ceci par suite
du remplacement de la crémaillère « Strub » à une rangée de dents par celle du type « Abt » à deux ran-
gées décalées entre Monthey et Champéry et de l'augmentation de la tension de 900 à 1'500 Volts, infli-
gent des bouleversements techniques qui impliquent la disparition de l'ensemble du matériel roulant
du temps jadis, soit les fameuses automotrices 11-14 de 1954, les rames 101 à 105 ex BLT de 1965,
ainsi que les rames 501 à 503 de 1987. Bien évidemment, les voitures voyageurs et pilotes, ainsi que
les anciens wagons marchandises, subissent le même sort... à moins que « miraculeusement », ils
ne trouvent un acquéreur potentiel de dernière minute.
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c) Par suite de l'ouverture de tunnel de base du Saint-Gothard, la fermeture définitive du dépôt des locomo-
tives et de l'atelier de réparation d'Erstfeld, dès la mi-décembre 2016, entraînant la disparition des loco-
motives attribuées et des mécaniciens titulaires. Fort heureusement, le dépôt ne sera pas démoli,
puisqu'il abrite divers véhicules de « CFF-Historic », qui sont sensés parcourir sporadiquement cette
ligne sommitale bien-aimée (attendons toutefois pour voir ce qu'il en adviendra vraiment). Finalement,
seule une « poignée » de cheminots oeuvrera encore à Erstfeld qui, dans les plus belles années,
comptait jusqu'à cinq cents hommes du rail, ceci toutes catégories confondues !
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Alors que, dans un précédent article (publié simultanément dans « La Traverse Métrique » d'André Reymond de Genève, ainsi que dans « Contact-SEV » - ex « Le Cheminot » -), où j'ai déjà décrit la grande souffrance, que m'a infligée la disparition du Dépôt des Locomotives CFF de Lausanne, le cas AOMC me touche également très personnellement car, à l'âge de sept ans, en première année d'école primaire, notre classe a participé à l'inauguration des automotrices 11–14 (renumérotées après coup 511-514) en gare d'Ollon, dont le chef de l'époque était Monsieur Georges Poncioni. En plus des CFeh 4/4 11-14 (devenues BFeh 4/4 dès 1956 par suite de la suppression de la troisième classe), qui parcouraient inlassablement la totalité de la ligne, tout au long de mon existence, j'ai bien évidement eu le colossal privilège d'admirer et de régulièrement être transporté (entre Aigle et Monthey) par les anciennes automotrices ex AOM « Alioth » BFe 2/4 102, BFe 4/4 106 - ex 11 - (celle que j'affectionnais particulièrement, ceci en raison de son émouvant aspect et de son chant électromécanique "Alioth" si particulier et attachant) et parfois même la fameuse BCFeh 4/4 No 6 ex MCM, à transmission par bielles droites et encore habillée de sa légendaire robe beige et verte. Je me suis également assis dans toutes les voitures voyageurs à deux essieux de l'époque, dont certaines affichaient encore leur robe vert-foncé, tout en arborant les grosses initiales dorées « AOM » originales sur les flancs latéraux.
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Quant à la Ligne originale sommitale du Saint-Gothard (Erstfeld - Biasca) qui, de tout temps, a été mon maître à penser , notamment au niveau de ses locomotives emblématiques (des Be 4/6 et Ce 6/8 de 1920 aux Re 6/6 des années 1970-1980) la disparition de son incommensurable légende internationale, à la fin de l'année 2016, porte un colossal coup à mon intégrité personnelle, qui m'a quelque peu « cassé » (par contre, le roseau plie mais ne se rompt pas... ou du moins pas encore, car il dispose d'encore quelques menues ressources, le vieux dinosaure) !
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Ainsi, face à ce bouleversement, que je ressens personnellement comme une sorte de « création destructrice », en plus du modélisme compensatoire que je pratique intensivement, je me réfugie de temps à autre également auprès du Chemin de Fer-Musée Blonay – Chamby, pour la simple et bonne raison que, sur cette ligne, sont réunis TOUS les ingrédients du chemin de fer helvético-européen authentique et absolument irremplaçable, qui s'étend ainsi des lanternes d'aiguille pivotantes, aux signaux mécaniques basculants et pivotants (entre autres « Hip »), aux cloches de gares « PLM » et « Saint-Gothard », aux locomotives à vapeur, aux locomotives et automotrices électriques à transmission par bielles ou à commande individuelle des essieux, aux voitures voyageurs et wagons marchandises à essieux et à bogies, tout cela desservi par du personnel passionné et hautement expérimenté, qui arbore fièrement l'irremplaçable uniforme des authentiques cheminots suisses. Ainsi, par exemple, au niveau du matériel roulant, c'est toujours un immense plaisir teinté d'émotion, que de retrouver, entre autres, la 6 ex MCM de mon enfance ou encore les 11 et 2002 du MOB, entreprise dans laquelle j'ai travaillé durant près de quarante-cinq ans. Ah, la 2002, à mon avis strictement personnel, la plus impériale des locomotives électriques à voie métrique de tous les temps (ce que la « Crocodile » CFF constitue au niveau de la voie normale, la 2002 MOB le représente avec une semblable intensité en ce qui concerne la voie métrique). La 2002 ? On dirait tout simplement « De Gaulle » s'adressant verbalement à son peuple !
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D'autre part, le critère, auquel nous devons perpétuellement demeurer conscients, réside dans le fait que le BC possède un important nombre de véhicules hyper variés, mais surtout en grande majorité, un matériel roulant désormais absolument UNIQUE sur l'entier de notre planète. Il est ainsi aisé d'affirmer, que ce chemin de fer-musée vivant doit très probablement se placer parmi les plus emblématiques qui existent au niveau du classement mondial en matière de patrimoine ferroviairo-industriel à voie métrique, ceci malgré une longueur de ligne de moins de quatre kilomètres, cependant caractérisée par un profil difficile, tout en bénéficiant d'un chef-d'oeuvre architectural sous la forme d'un magnifique pont en courbe à arches en pierres de taille, enjambant la fort pittoresque Baye de Clarens se faufilant parmi arbres et rochers, sans oublier, bien évidemment, le tunnel qui lui fait suite peu avant la halte de Cornaux CEV et débouchant sur un paysage de rêve vraiment digne d'une carte postale de l'Helvétie du temps jadis !
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Quel bonheur à nul autre pareil, que de se trouver près de la cloche de la gare de Blonay BC et de l'écouter tinter, me rappelant ainsi les merveilleux instants passés à la gare de St-Triphon CFF durant mon enfance et mon adolescence, quelle joie infinie d'admirer, de toucher, d'écouter et de respirer les parfums du charbon en combustion, de l'huile chaude, ainsi que de l'ozone produit par la technologie électromécanique de ces véhicules-moteurs (bruits d'échappement et de pompes à air des locomotives à vapeur, chants/roucoulements de compresseurs et de pompes à vide, gémissements nostalgiques des moteurs de traction et des engrenages, ainsi que des bielles en mouvement des machines électriques , etc., etc.).
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En outre, je ne voudrais pas omettre de remercier le chaleureux personnel du restaurant et de la vente des souvenirs.
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En résumé, ferrovipathes d'ici et d'ailleurs, qui ne pouvez vous résoudre à la disparition et qui ne pouvez donc accepter de faire le deuil d'un chemin de fer helvético-européen, que vous avez affectionné tout au long de votre existence et que l'incontournable « progrès » vous a enlevé, venez vous ressourcer au BC et atteindre ainsi, en toute légitimité, une forme de pleine sérénité, voire d'éternité !
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Le MOB ("Aime Oh Bé") dans toute sa sérénissime et irremplaçable beauté !
Ci-dessus la 2002 de 1932 et ci-dessous la 11 de 1905
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La 105, première locomotive du BC, produit une mise en scène vraiment digne de son rang !
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Une composition BOB dans la plus pure des traditions, tractée par la magnifique HGe 3/3 No 29 de 1926
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Lors d'une "Journée valaisanne" sur le BC, la 6 et sa voiture No 10 du MCM, ne pouvaient manquer à l'appel !
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Toujours lors de cette "Journée valaisanne", la sublissime rame originale de 1906 du Martigny-Châtelard
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La fort belle rame du LLB en gare de Blonay
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Un paysage, qui constituera toujours un émerveillement et dont on ne peut se lasser !