Cela me permet ainsi de désormais varier le matériel roulant exploité. Par exemple, former un long train de wagons-citernes à deux essieux de plusieurs marques de carburant, ce qui me garantit ainsi de modestement ressusciter l'ambiance de la gare de triage de St-Triphon, mise en service en 1963 à l'intention des Raffineries du Sud-Ouest, raffineries hélas aujourd'hui totalement hors service après cinquante ans en chiffres ronds d'intense activité, raffineries qui ont successivement passé en mains de AGIP, ESSO, BP, GATOIL et TAMOIL ; bien évidement, plusieurs autres marques de carburant se sont approvisionnées à ces raffineries, telles que ARAL, GULF, ELF, CHEVRON, TOTAL, SHELL, ALGECO, ERMECO, AVIA, CICA, SOCAL, ASEOL, ETRA, MITRAG, SPURT, VTG, etc., bref une colossale variété à nulle autre pareille de wagons-citernes suisses et étrangers, tout en arborant élégamment leurs emblèmes multicolores respectifs et que l'on pouvait donc quotidiennement admirer !
La Suisse détient un grand nombre de négociants en vins et de caves coopérativo-vinicoles sur l'ensemble de son territoire. Jadis, les arrivages de vin rouge dans la grande majorité des cas (notamment en provenance de France et d'Italie) et les expéditions en vrac de ces vins à l'intérieur du pays s'effectuaient au moyen des sublissimes wagons bi-foudres en chêne (authentiques œuvres d'art sur rail) et de wagons-citernes métalliques spécialement traités intérieurement pour le transport de cette denrée alimentaire délicate s'il en est ; il m'est donc désormais possible de réaliser un « train du vin », formé de cinq wagons BUCO bi-foudres CFF et SNCF, aux couleurs bois naturel et grise, voire grise et tout particulièrement rouge aux extrémités pour un wagon SNCF, tous ces wagons magnifiquement cerclés de noir, wagons bi-foudres encadrés en tête et en queue par, d'un côté, le splendide wagon-citerne CFF métallique blanc avec bande centrale rouge-foncé « Vins Schenk Rolle » et, de l'autre côté, également CFF, celui à la bonde gris-argent appartenant aux « Fratelli Corti Balerna », ce dernier dans la réalité conservé par CFF-Historic et remisé dans la rotonde du Dépôt CFF de St-Maurice aux bons soins de l'Association 10264.
En raison de leur longueur inhabituelle pour mon réseau (plus de sept wagons), les deux trains cités ci-dessus ne peuvent circuler que sur la voie de service (voie 1) pour le contournement des trois voies principales 2, 3 et 4 de la gare ; bien évidemment, lorsque cette voie est empruntée en trafic de transit, les trains, occupant les trois voies principales précitées, ne peuvent pas être mis en service.
A part cela, je veille également à ce que le long train de marchandises de détail de la voie 4 (sept wagons à deux essieux au maximum) comporte toujours au moins un wagon de chaque type, soit un wagon couvert, un wagon tombereau ouvert, un wagon plat à ranchers, un wagon bi-foudres et un wagon-citerne, ce qui résume ainsi la toute grande majorité du trafic marchandises d'autrefois. Actuellement, les trains de marchandises contemporains hyper monotones n'ont strictement plus rien à voir avec les convois hyper variés du temps jadis !
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Par contre, le décor est souvent réduit à sa plus simple expression, ceci contrairement aux réseaux HO, où la décoration paysagère et architecturale devient très souvent la principale dimension, alors que le mouvement des trains est beaucoup plus discret, sorte de faire-valoir de l'environnement.
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En ce qui concerne mon installation « Tin-Plate 0 », j'ai appliqué à la fois une exploitation ferroviaire variée au niveau de la signalisation et du matériel roulant mais, avec l'aide indispensable de mon épouse, nous avons réalisé un décor des plus agréables possibles, soit, entre autres, nette amélioration du travellage de la voie, pose du ballast, application d'un fond herbeux sur toute la surface de l'installation (par mon beau-fils Thierry), construction de divers bâtiments villageois et réalisation d'un parc pour animaux de la ferme, création d'un champ labouré, de routes, de chemins et d'un passage à niveau non gardé, le tout animé par des véhicules routiers et agricoles correspondant à ce que l'on rencontrait quotidiennement encore durant les années 1950-1960, époque donc en parfaite adéquation avec le matériel roulant et la signalisation ferroviaires suisses de ce temps-là. Par la suite, des arbres et quelques haies fleuries devront encore être posées à certains endroits.
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De tels réseaux « Tin-Plate » aussi complets, avec de surcroît un réel fond de paysage imprimé et collé sur une surface en bois, sont très rares, voire inexistants en Suisse romande, alors qu'en Suisse allemande, ce type de modélisme à l'ancienne est beaucoup plus courant, car caractérisé entre autres par les technologies électromagnétique et électromécanique traditionnelles ; en effet, les ferrovipathes de cette région helvétique sont nettement plus sensibles au patrimoine sous toutes ses formes du temps jadis, alors qu'en Romandie, cette région est surtout centrée sur les nouveautés notamment « architecturales » et les technologies contemporaines aseptisées. Ainsi, contrairement aux Suisses romands, au niveau ferroviaire, les Alémaniques privilégient prioritairement le bruit caractéristique du fonctionnement des aiguillages et des signaux, ainsi que de celui du roulement des trains (ce qui demeure omniprésent et caractéristique au niveau du « Tin-Plate »), alors que chez nous, ce n'est plus qu'un faible chuintement, voire carrément le silence, qui l'emporte hélas trop souvent sur l'expression et la « parole du Rail » (par exemple, où peut-on encore visiter des réseaux HO, sur lesquels roulent sur voies « M » de lourdes locomotives « Crocodile » MAERKLIN 3015, chantant de tous leurs engrenages et tractant de longs trains de marchandises formés en majorité de wagons métalliques et martelant ainsi à qui mieux-mieux les joints de rails, ambiance inaliénable de l'authentique et seul chemin de fer vraiment digne de ce nom ?). Avec l'expérience des décennies vécues, je suis en mesure d'affirmer que les voies et aiguillages des marques suisses BUCO, HAG et KEISER, sur lesquelles roulent des véhicules ferroviaires du type "Tin-Plate" sont les seuls à permettre une si parfaite restitution du bruit des trains en mouvement !
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Fort de ces arguments, j'ai réalisé un film aussi complet que possible de mon modeste réseau « Tin-Plate 0 » de 3,2 m x 1,2 m., film comportant 191 prises de vues, prouvant ainsi, qu'avec des « trains jouets » des années 1940-1950, mais évoluant par contre dans un décor de rêve, il est encore possible d'enchanter les ferrovipathes les plus exigeants en matière d'authentiques ambiances ferroviaires. Ce petit film constitue donc, du moins en Suisse romande, une réalisation très probablement unique en son genre !
Ci-dessous, voici quelques photographies de ces nouveautés, illustrations qui représentent, pour l'instant dès aujourd'hui 18 avril 2020, une pause au niveau de ce Blog-Internet... jusqu'à ce que de nouveaux sujets ferroviaires puissent être mis en valeur, ceci tant au niveau de la réalité que du modélisme !